• LA OU ROBERT PISSE SUR LE MUR

    Tout est décidément si difficile. Dans cette perspective, mieux vaut être unis à tout le moins partager avec d'autres. A propos de ces compagnons d'infortunes, chaque catégorie en appel à ses ouailles sonnant le tocsin. Autour d'une famille, d'un emploi, d'une classe, les uns et les autres sauront faire correspondrent les maux de tous les jours.

    Comme inaudibles, les revendications de tous ces êtres se perdent, absorbées par des canaux de représentation généralistes. Dans l'ombre, les communautés minoritaires ont su garder de leur superbe. Lorsque tout à chacun doit s'en remettre aux règles sociales, aux normes économiques, le déviant poursuit sur son chemin de traverse. Pour les autres nuls n’est question de quitter la route sous peine de perdition.

    Sans être asservies, les biens pensants servent leur malheur : leurs états est si facile à contrôler. Etre Formatés, c'est par un jeu de protocoles, de dialogues bien huilés que la civilisation perdure. A contre-courant, certains dérivent en marge bien à l’abri de leurs différences.

    A l'exemple, l'indifférence réservée aux clochards devenus depuis des sans-abris. Jeunes errants et vieux briscards de la rue continuent ainsi à exercer leur savoir s'affranchissant par la même du cadre générale, de la morosité organisée. En sus d'être sous camisole narcotique ou alcoolique, le SDF mène une existence souvent détachée de son contexte d'exécution. Dans les rues desertes, là ou Robert urine sur le mur, Raphaël patiente envisageant la proximité d'une sanisette.

    Le rejet produit-il cette sorte d’isolement ? A n'en point douter, l'indifférence organisée semble bien plus efficace. Les oubliés de la République qui rechignent à revendiquer sont ainsi. La communauté diffuse des traveller’s amateurs de free-party siée bien à cet état social. Posé entre deux voies rapides, Marine et Florent n'envisage pas une minute leur campement comme un vecteur d'humiliation. Le soir venu, en cette nuit d'été, le jeune couple boit des bières en regardant les voitures filer. Qui parmi les automobilistes à remarquer cette petite cabane posée non loin de la chaussée.

    Peu de spectateur donc pour un spectacle sans publicité. Dénué d'institution, les buveurs de bord de route évoluent sans filet mais avec si peu de barrières. La liberté aurait-elle trouvée son prix ?  


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